Le pape François exprime sa "honte" devant l'ampleur des abus commis sur des enfants par l'Église catholique française


Le pape François a exprimé sa "honte" devant l'ampleur des abus commis sur des enfants par l'Église catholique française et sa "tristesse" devant la souffrance de 330 000 victimes après la publication d'un rapport indiquant que des religieuses utilisaient des crucifix pour violer des filles.

Un rapport historique de 2 500 pages a été publié le mardi 5 octobre, après plus de deux ans d'enquêtes menées par une commission indépendante. Selon la commission, on estime à 330 000 le nombre d'enfants victimes d'abus sexuels au sein de l'Église catholique française entre 1950 et 2020, dont 216 000 mineurs abusés par des prêtres et autres ecclésiastiques.

Réagissant à ce rapport accablant, le souverain pontife a exprimé sa "tristesse" pour les victimes, après qu'il est apparu que des religieuses ont utilisé des crucifix pour violer des jeunes filles pendant des décennies d'abus qui ont été couverts par un "voile de silence".


"Je souhaite exprimer aux victimes ma tristesse et ma douleur pour le traumatisme qu'elles ont subi", a déclaré François lors de son audience hebdomadaire au Vatican mercredi. 


"Et aussi ma honte, notre honte, ma honte, pour l'incapacité de l'Église, depuis trop longtemps, à les mettre au centre de ses préoccupations. 

Je prie et nous prions tous ensemble - à toi Seigneur la gloire, à nous la honte. L'heure est à la honte". 

Il a appelé tous les évêques et les supérieurs religieux à prendre toutes les mesures nécessaires "pour que des drames similaires ne se répètent pas".  

Les conclusions de l'enquête ont suscité l'indignation alors que l'Église catholique en France et dans le monde entier est confrontée à un nombre croissant de plaintes et de poursuites pour abus.

Faire face à l'avalanche de révélations sur les abus sexuels commis par des membres du clergé était l'un des plus grands défis que François a dû relever lorsqu'il a été élu pape en 2013.

Il a déclaré la fin de l'impunité et a modifié la loi du Vatican pour rendre obligatoire le signalement des abus, mais les victimes ont averti que ce n'était pas suffisant.

François a exprimé sa tristesse pour les victimes dans une déclaration publiée mardi par son porte-parole, mais ses commentaires de mercredi sont allés plus loin. 

Il a exhorté le clergé à continuer à travailler pour que de telles situations "ne se répètent pas", offrant son soutien aux prêtres français pour faire face à "cette épreuve difficile mais salutaire". Il a également invité les catholiques français à "assumer leurs responsabilités pour que l'Église soit une maison sûre pour tous". 

Selon le rapport, la "grande majorité" des victimes étaient des garçons préadolescents issus de différents milieux sociaux. Leurs agresseurs étaient principalement des prêtres, des évêques, des diacres et des moines.

Quatre-vingt pour cent des victimes étaient de jeunes garçons âgés de 10 à 13 ans, mais de nombreuses filles ont également été victimes d'abus, non seulement de la part de prêtres mais aussi de religieuses.

Une victime nommée "Marie" a témoigné qu'elle avait été abusée à l'âge de 11 ans et que, lorsqu'elle s'est plainte de ces abus à ses parents, ceux-ci ont refusé de croire qu'une religieuse puisse faire une telle chose. Les abus ont continué pendant une année supplémentaire.


Elle se souvient d'une religieuse qui choisissait chaque jour un élève de sa classe pour l'aider à la messe. 


J'avais 11 ans et en paraissais 9. Elle me choisissait une fois toutes les deux ou trois fois", se souvient "Marie". 

Elle m'emmenait dans son bureau, fermait la porte à clé, puis tirait les rideaux. Après quoi elle me mettait à genoux pour me faire lire l'évangile selon Saint Paul ou un autre saint, tandis qu'elle me serrait d'une main contre sa poitrine et baissait ma culotte de l'autre main. 

Nous étions bien sûr en jupe plissée et non en pantalon. Cela me terrifiait et me paralysait. J'étais vraiment [un cadeau] pour cette religieuse... car elle savait très bien qu'elle ne risquait rien ", a déclaré Marie. 

Jusqu'au début des années 2000, l'Église catholique a fait preuve d'une indifférence profonde, voire cruelle, à l'égard des victimes", a déclaré Jean-Marc Sauve, chef de la commission, lors de la conférence de presse qui a dévoilé le rapport de près de 2 500 pages.  

Elles n'étaient "pas crues ou pas entendues" et parfois soupçonnées d'être "en partie responsables" de ce qui s'est passé, a-t-il déploré.

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